La presse locale s'était déjà « emparée » du projet : nous donnons ci-après la copie du journal « L'Echo de Royan » daté du 18 décembre 1954.
En mai 1955
le journal «L'Echo de Royan» se faisait l'avocat du projet,
Dans un article intitulé «Pour la création d'un
Tramway-Forestier La Coubre-Ronce-les-Bains». Nous avons voulu
vous présenter le journal tel-quel avec un petit montage pour
une meilleure lisibilité.
Généralités
Royan a une situation privilégiée au bord de l’Atlantique, orientée Sud-Ouest, Royan et sa région bénéficient d’un micro climat et d’un ensoleillement exceptionnel qui les ont fait surnommées « le Midi Atlantique ».
Ce qui explique déjà à l’époque l’engouement touristique et les projets d’implantation d’un tramway à vocation de service public et « touristique » dès 1857:
1er projet de Mr Tarbé des Sablons
Il proposait, alors qu’aucun train départemental ne circulait alors, sollicite la concession pour relier le Casino de Foncillon à la Falaise de Pontaillac. Le journal « La Vigie » prend fait et cause en la personne de son rédacteur, Mr.Granet.
2ème projet de Mr Camille Dufrane
L’ingénieur Camille Dufrane des Tramways de bordeaux présente au Conseil Municipal un projet de tramway à vapeur, entre Royan et Pontaillac. Projet adopté le 17 septembre 1875 et repris 10 ans plus tard le 20 Février 1885, et constitution d’une société en 1886.
Comme toujours, une enquête préliminaire administrative est diligentée le 30 Août 1886.
Les royannais se sont élevés contre ce projet qui « devait ruiner » Royan !
Puis le silence se fait sur ce projet et ce n’est qu’en 1892 que l’on apprendra que les garanties financières du pétitionnaire sont insuffisantes.
Le Tramway de Royan
L’Exposition Universelle de 1889 va faire une forte impression sur le maire de Royan et tout ce a trait au Chemin de Fer en général et au Chemin de Fer d’intérêt local en particulier!
Après consultation, Mr Paul Decauville se propose de venir installer un Tramway à Royan.
Les 7 et 8 mai 1890, Mr. Decauville présente de nouvelles propositions qui sont acceptées et la décision devient urgente pour permettre l’exploitation dès la saison toute prochaine.
L’implantation du trajet pose quelques problèmes qui finissent par être résolus.
Mais la politique intervient et une pétition circule pour empêcher cette création originale.
La construction et l’inauguration.
Les travaux commencent le 26 juin 1890, et dès le 4 Juillet , environ 100 T de matériels sont déchargés.
8 jours plus tard, la voie est posée de la Gare au Kiosque à musique (environ 2 km).
Les travaux sont acivement menés par l'Entreprise Boulon et Robert.
Avant le 20 juillet des essais ont lieu entre le Grand hotel et Foncillon; le service commercial commence le dimanche 27 juillet 1890, puis atteint le Chay le 3 août, Pontaillac le 10 août en même temps le parc à hauteur du Grand Hôtel du Parc ce même 10 août 1890, également sur 800 mètres de voie! Performance en 4 jours mais qui reflète la légéreté de la structure et la précarité de l'installation.
L'inauguration officielle n'a lieu que le samedi 30 août 1890, à 16 heures en profitant du passage du ministre des transports, en visite dans la région.
Dès l'ouverture, qui a précédé largement l'inauguration, ce sont 50 trains qui circulent par jour.
Les employés sont habillés, de pied en cape, par l'uniforme aux couleurs de Decauville.
Au cours de cette 1ère saison, qui se terminera le 1er octobre, ce sont 160.000 voyageurs transportés.
Extensions et problèmes
Lors de la cession du Conseil Municipal du 28 Février 1891, les sujets sont les suivants :
Les accords avec Decauville
Le prolongement vers St-Georges de Didonne.
Le prolongement vers la plage de Pontaillac.
Le passage entre Foncillon et le fort du Chay.
Decauville remboursera par anticipation les 25.000 Frs d'avance faite par la ville pour les terrains dès qu'aura été signé la déclaration d'intérêt public accordant la concession.
La ville s'engage à rembourser ces 25.000 Frs , si la concession n'est pas accordée.
Prolongement en direction de St-Georges
La municipalité de St-Georges est tout à fait favorable et la municipalité de Royan fait enregistrer la demande de concession.Mr Paul Decauville entreprend immédiatement les travaux qui ne posent aucun problème particulier.
L'ouverture est fixée au 28 juin 1891.
Le tronçon du Grand Hotel du Parc est abandonné.
Prolongement en direction de Pontaillac
La chaussée étant à forte pente et trop étroite, la solution d'un perré maçonné sera retenu et devra faire 4 m dans sa plus grande largeur, mais finalement il empiétera de 5,20 m sur la plage en tête et de 3,20 m en pied. La moyenne est respectée !
Passage Foncillon-Le Chay
L'itinéraire initial provoque une levée de boucliers, et finallement Pontaillac sera atteint le 15 juillet 1891 grâce à une déviation provisoire.
Saison 1891
En 1891, grâce à la réception de nouveaux matériels, s'est renforcée et le nombre de voyageurs a cru d'une façon exceptionnelle : 357 000, soit plus du double de la 1ère année!
Poursuite des discussions
Une fois la saison terminée, la déviation provisoire est à réaménager.
Après de nombreuse discussions, un accord est trouvé et les riverains acceptent d'abandonner une bande de terrain permettant de porter à 7 ou 8 mètres la largeur de l'emprise.
Mais il faudra attendre 1897 pour l'achévement complet des travaux et l'incorporation de ce passage à la voirie municipale sous le nom de : rue de la Grotte.
En 1892
Des décisions sont prises pour le parcours Foncillon-Le Chay.
La ligne de la gare est peu utilisée : les voyageurs des Chemins de Fer de l'Etat préférent prendre une voiture avec leur bagage. Cette voie sera maintenue mais comme voie de service pour les transports des matériels.
Mr Grille communique les résultats de les résutats de la saison précédente qui ne sont pas au rendez-vous de la rentabilité absolue (83.000 Frs de recettes, 77.000 Frs de dépenses).
Trop peu pour rénumérer les premiers frais d'établissement (600.000 Frs) et les actionnaires.
Mr Paul Decauville a essuyé une perte de 30.000 Frs, d'où des réductions drastiques : les agents devront travailler moins de 12 h par jour !
Il n'y aura plus de service entre 20 H et 24 H, mais Mr Grille fera circuler un train dans chaque sens à la sortie des spectacles.
La reprise de l'exploitation sera fixée au 10 juillet 1892 par la commission d'enquête de La Rochelle.
Au cours de la saison 1892, Mr Jules Lehuchet qui a pris ses fonctions en mai, fait construire un wagonnet muni d'une rampe d'arrosage poiur réduire la poussière dûe au déplaçement du train.
Le service d'hiver
Le Conseil Municipal réunit en septembre propose un service d'hiver et un accord est passé avec Decauville: une rame restera en service du 15 octbre au 14 juin, avec un minimum de 6 circulations par jour dans chaque sens avec des voitures fermées et chauffées.
La Municipalité, compte-tenu des charges d'exploitation, garantit une recette de 8.500 Frs si l'équilibre n'est pas atteint.
Le service d'hiver commencera en octobre, mais l'hiver n'épargnera pas le train : neige, eau gélée pour les chaudières.
Malgré les rigueurs de l'hiver cette exploitation hivernale se terminera par un bilan positif et il ne sera pas fait appel à la garantie de la mairie.
En 1893
Le 15 juin, le service d'hiver est arrèté.
A compter du 16 juin nous retrouvons nos 12 aller-retours.
En octobre 1893 le service d'hiver reprendra et se poursuivra pendant plusieurs années.
En 1894
Au plan local, deux événements marquent l'année : la construction du nouveau Casino municipal qui sera ouvert le 1er août 1895 sur le champ de foire, d'où le déplaçement de la station du nouveau boulevard de 15 mêtres , le boulevard Sadi Carnot, suivi par le Tramway au Chay.
La société Génèrale des Tramways de Royan
Le tramway installé à titre précaire en 1890, devait régulariser sa situation vis-à-vis de l'administration.
Mr Paul Decauville et Antoine Grille, président et administrateur, demandent par l'intermédiaire de la Municipalité, la concession du Tramway de St-Georges de Didonne à Pontaillac avec 2 embranchements de service vers le dépôt et la gare Etat.
Mr Decauville prendra à sa charge toutes les dépenses tant mobilières, immobilières, les études, la superstructure, les ateliers, le matériel ainsi que les terrains situés sur la commune moyennant la somme de 25.000 Frs qu'il s'engage à verser dès la signature du décret d'utilité publique (voir ce-dessus).
Les formalités n'étant pas terminées, une autorisation provisoire a été donnée pour la saison 1892.
Mais les diffilcultés finançières de la maison Decauville gèle le projet., d'où la création d'une société anonyme « la SA des Tramways de Royan » et la rétrocession de la demande de concession à cette société.
Le 1er décret est signé le 8 septembre 1894 déclarant d'utilité publique le Tramway de St-Georges de Didonne à Pontaillac, approuvant la convention du 30 novembre 1893.
Cette convention reprends les dispositions ultérieures. L'exploitation, uniquement voyageurs, devra fonctionner toute l'année avec des horaires adaptés.
La durée de la concession est fixée à 50 ans et prendra fin le 8 septembre 1944.
Le Tramway de la Grande Côte de Royan
Pour éviter de compromettre la Société Générale des Tramway de Royan, Mr Ravenez fonde, le 13 juillet 1896, une nouvelle société au capital de 275.000 Frs.
A circulé entre Pontaillac et la Grande Côte de Royan.
S'étendant sur plusieurs communes, la rétrocession dépend du département.
Toutes ces créartions, toutes ces concessions sont difficiles à appréhendées ! S'agissait-il de montage en « domino » pour éviter une fermeture pure et simple ?
Plus personne ne peut répondre à cette question !
Le décret d'utilité publique est enfin signé le 19 mars 1897.
L'exploitation n'est obligatoire que du 20 juillet au 20 septembre avec 4 voyages par jour, et facultative en dehors de ces 4 voyages.
Le cahier des charges est voisin de celui de Royan.
Le 10 mai 1897, Mr. Le hucher demande au préfet de reprendre l'exploitation de la Sté du Tramway de la Grande Côte de Royan avec comptabilité distincte : ce qui lui sera accordé.
Les travaux ayant été rondement menés (courbes de 50 M, rails de 15 Kg/ml), et sur autorisation provisoire, de faire circuler des trains à l'occasion des fêtes de Pâques de 1897.
Ce qui devait arriver,arriva ! La Sté Générale des Tramways de Royan absorbe la Sté du Tramway de la Grande Côte de Royan en 1903!
Un nouveau décret, daté du 21 avril 1906 déclare d'utilité publique, au profit de la Sté Générale des Tramways de Royan, l' embranchement du Paradou à St-Georges-Port avec service voyageurs et marchandises. Mais cette dernière option ne sera jamais exploitée (marchandises).
Cela en fait un réseau de 15 km au total.
La Guerre de 1914
Aucun matériel ne sera réquisitionné du fait de la desserte de plusieurs forts : Fort du Chay, ...
nécessaire à la défense nationale.
Le Tramway rendra serviceà la population locale en transportant les bois destinés à l'usine à gaz, en évacuant des cargaisons précieuses de navires naufragés.
Malgré les difficultés de personnel et d'approvisionnement en matières, le réseau sort du conflit pas trop affaibli.
Vers 1925 une automotrice du tramway forestier relèvera à St-Palais la correspondance pour la Grande Côte.Il semble que cet essai n'est pas donné satisfaction et n'a pas été renouvellé.
Gestion rigoureuse qui permet de maintenir un service voyageurs de qualité et la publicité initié par la Direction renforce son image d'entreprise dynamique et sérieuse et les résulatats comptables positifs sont au rendez-vous grâce aussi à la révision des prix consentie après les hostilités
Coirrélativement ce n'est plus le nombre de trains qui est imposé, mais le nombre d'aller-retour.
Sur la plan social, de gros efforts sont faits.
Cette même année 1925, un décret approuve le relèvement des tarifs. En août la fréquence ne devra pas être inférieure à 20' et une rame circulera en soirée du Parc à Pontaillac pendant cette même période.
En 1933, plusieurs conventions sont passées entre la société, la villeet le préfet.
Mr Lehucher, ancien directeur, est devenu maire de Royan.
Le service est exprimé à nouveau en train avec des fréquences à 1 heure, en demi-heure en saison, et 20' en haute saison avec un service prolongé d'un train jusqu'à minuit.
La seconde convention rend la desserte de St-Palais obligatoire toute l'année et celle de la Grande Côte du 20 juillet au 20 septembre.
La troisième convention, outre un tableau d'emploi des mutilés de guerre, transfére le 1er janvier 1933 les droits et obligations de la ville de Royan au département.
Cette période de 1925 à 1933 marque l'apogée et la référence nationale que l'on ne pouvait pas évoquer Royan sans parler du Tramway.
Affluence record:
19.000 voyageurs le 15 août 1936 !
75.000 voyageurs sur un weeh-end de 3 jours au cours de l'été de 1937 !
Pourtant le département commençait à sacrifier les trains d'intérêt local.
L'arrivée des autobus
Les circulations en hiver dans des voitures ouvertes aux quatre vents sont de moins en moins appréciées des voyageurs.
La acquiéra 2 autocars, supprimant ainsi les cirdulations ferroviares du 15 octobre aux vacances de Pâques.
Peandant la période d'exploitation des trains, les autobus sont utilisés dans des activités non concurrentes.
Toutefois Mr.Sapin ancien administrateur, démisionne et crée sa propre compagnie d'autocars et concurrence, par un duping à la baisse, le train.
Aidé des détracteurs du tramway, « de ce tacot qui déshonore les stations et en chasse les rtouristes », la Préfecture proposera, en 1938-1939, de remplacer purement et simplement le tramway par des autobus confortables et modernes » !
La Guerre de 1940
Avec la pénurie, le service d'hiver reprend : on ferme les voitures côté mer par des panneaux totalement inesthétiques.
En été, les trains continuent de circuler, même en 1944, le trafic voyageurs sera maintenu et les quelques promeneurs seront entourés d'allemands.
Les Allemands ont utilisé d'une façon intensive les tarmway pour construire le Mur de l'Atlantique.
La fin du réseau
La concession se terminait le 8 septembre 1944.
Mr. Nougarède devant prendre sa retraite en 1945, a demandé une prolongation jusqu'à son départ, ce qui lui a été accordé, mais le tramway était déjà condamné et devait disparaître après 1945.
Survinrent les terribles et inutiles bombardements de janvier et avril 1945 qui détruisirent presque totalement Royan.
Le dépôt épargné a été soufflé et touts les voitures très abimées. Quelques machines ont été sauvées, mais par pour longtemps !
La guerre a eu raison de lui, mais les pouvoirs publics de l 'époque lui donnèrent le coup de grâce ! Il fut unanimement regretté.
En 1948 , un ferrailleur d'Angoulème débarrassa les lieux et partout la voie fut arrachée !
Mentions légales - Création Bernezac Communication
Crédits photos : Le P'tit Train - Fotolia