Nous avons vu que l’implantation limitée d’un tramway à la fin du 19ème siècle avait une destination de service public mais également un moyen ludique de déplacement pour les touristes estivaux.
Mais l’érosion des côtes restait un problème majeur déjà constaté à la fin du 18ème siècle -début du 19ème siècle.
Pour ce faire il fallait, à travers de dunes importantes, envisager la stabilisation de ces dernières qui étaient perçues comme « une immense surface qui pourraient être comparée à celle d’une mer en furie dont les flots élevés se seraient subitement pétrifiés dans le fort d’une tempête, et n’offre aux yeux qu’une blancheur qui les blesse, d’une perspective monotone d’un terrain monstrueux et enfin d’un désert effrayant ».( cf : Bremontier - Mémoire de Thermidor An V ).
Comment faire ?
En 1810 un décret impérial prévoit la fixation des dunes. Les plus hautes autorités de l'Etat s'intéressaient au phénomème. De nos jours elles ne pensent qu'à créer des « zones noires » !
Renforcer les dunes par des pieux, des fascines, des branchages pour lutter contre l'érosion éolienne, le tout acheminé à dos de mulet ! Mision quasi impossible et trop longue.
Le 1er chantier, initié par les Ponts et Chaussées, a duré de 1824 jusqu'en 1862 (38 ans !), période qui permit l'ensemencement de 1800 hectares.
C'est en 1862 que l'administration des Eaux et Forêts prend la relève et permet de planter, en arrière, 3.500 hectares.
Mais les difficultés d'approvisionnement des chantiers se confirment et il est décidé la création d'un tramway hippomobile en écartement métrique (1000 mm), qui partait de la Grande Côte en direction du Nord en longeant la côte pour arriver, après 23 km, au Galon d'Or – qui veut dire Gallion d'Or, en référence aux nombreux naufrages – à l'ouest de Ronce les Bains. La construction se fit entre 1868 et 1874.
La Tremblade n'a été raccordée qu'en 1942 par les soins de l'organisation Todt.
Mais la légéreté de la superstructure (9,5 kg/ml), rendait son exploitation difficile.
Cela était compensé par un profil en long et en travers excellent : courbes de 140 m de rayaon au minimum, et pentes de 0,8% au maximum, ce qui était normal compte-tenu de la taction animale, à l'exception d'automotrices légéres.
L'exploitation très active à ses débuts est devenue léthargique et fut confiée à un concessionnaire en 1890.
Plusieurs concessionnaires ont exploité cette ligne avec plus ou moins de bonheur entre 1905 et 1914.
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Toutefois les Eaux et Forêts demandent un rapport pour étudier l'opportunité d'un prolongement jusqu'à Ronce les bains, mais qui verra le jour qu'en 1913.
L'entre-rail sera maintenu en l'état pour le passage des chevaux de l'administration.
Lqa société concessionnaire s'engage à réduire l'écartement à 600 mm, et l'administration transformera elle-même ses matériels.
L'accés sera gratuit pour les fonctionnaires des différentes administrations et c'est comme cela que le facteur effectuera sa tournée en petite draisine à moteur thermique !
Après la cessation des hostilités, il restera en sommeil jusqu'en 1923, date à laquelle est signé une concession pour 18 ans à partir du 16 juillet 1923 au 15 juillet 1941 avec la St » générale des Tramway de Royan sous réserve de passer la voie à 600 mm.
Le rève de Mr Paul Decauville du siècle dernier se réalisait !
L'accés à La Tremblade reste d'actualité: le raccordement sera effectué en 1942 par les soins de l'organisation Todt.
L'inauguration a eu lieu le samedi 28 juin 1924 à l'occasion du centenaire de la forêt de la Coubre en présence des autorités nationales et locales.
En fonction des périodes les hoaraires étaient adaptés.
Il faut savoir que la traction vapeur était interdite et tout se faisait avec des automotrices à essence qui assuraient le service avec des voitures du Tramway de Royan en renfort, spécialement les voitures courtes dont une aménagée pour le transport des approvisionnement pour le Restaurant de la Coubre.
Les automotrices, eu égard au profil de la voie (pentes importantes et motorisation faible), n'ont jamais circulées sur la ligne du Tramway de Royan.
Nota: les automotrices Campagne, qui, à l'origine étaient en voie métrique, ont été ramenées à l'écartement de 600 m/m. A ce jour aucune motrice ne subsiste, sur aucun réseau, dans aucun musée !
La période 1940-1945
Dès l'arrivée des troupes allemandes, le Tramway Forestier est exclusivement réservé à l'armée et à l'organisation Todt:
Trains de matériels (armement) et ciment, gravier, etc... pour la construction du mur de l'Atlantique.
Trains circulant uniquement en forêt avec les automotrices Campagne : transport de soldats allemands et de français requis dans le cadre du STO.
Trains de matériaux au départ de La Tremblade (à partir de 1942).
Le raccordement avec La Tremblade s'est effectué sans coup férir, alors que les français, depuis un demi-siècle n'y sont jamais arrivés !
Un dépôt de l'organisation Todt occupe un terrain appartenant à l'EDFet différents travaux ont été exécutés:.
Des embranchements auraient construits pour approvisionner diverses batteries d'artillerie et d'ouvrages.
Une remise à 2 voies a été construite en forêt de La Coubre.
La voie a été renforcée par du 18/20 kg/ml.
A noter la construction, à certains endroits, d'un chemin bétonné de part et d'autre de la voie pour faciliter le passage des véhicules sur pneumatiques.
Les matériels utilisés sont quasiment inconnus à l'exception de certains retrouvés entre Ronce et la Grande Côte:
1 draisine Japy à moteur à essence.
1 loco-tracteur semi-diesel Oreinsten et Koppel.
3 loco-tracteurs allemands semi-diesel, moteur Deutz.
1 loco-tracteur Billard, moteur CLM
1 plate-forme à bogies des Tramways de Royan.
Divers lorries.
Puis entre Royan et St-Palais divers loco-tracteurs, bogies, wagons et lorries.
La fin et les vestiges
Les bombardements et les combats de 1945 ont très sérieusement endommagés le voie entre La Grande Côte et le phare de La Coubre.
Ronce a moins souffert et la voie fut remise en état aux fins d' évacuer les bois calcinés de la forêt ; par contre le troçon de La Tremblade ne fut pas exploité du fait de l'opposition conjointe des riverains et de la SNCF.
Sur les 23 km d'origine, 15 km ont été démantelés en août 1954.
Des conflits d'intérêts se sont révélés entre les Eaux et Forêts qui voulaient conserver cette voie pour l'évacuation forestière et les entreprises chargvées de déblayer Royan et qui avaient l'autorisation des administrations responsables.
Le Tramway de la Grande Côte a survécu, plus ou moins bien, jusqu'en 1954.
Son « grand frère » de Royan avait disparu depuis 1948 !*
Mais des fous du rail veillaient !!
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